Ce nouveau genre de logement inclusif, aussi appelé “co-living”, permet à des groupes de citoyens de concevoir, de créer et de gérer leur habitat collectivement, en combinant espaces privatifs et espaces communs. Voici pourquoi il faut s’y intéresser.

L’habitat participatif. Derrière cette mystérieuse expression se cache une multitude de réalités et de façons de vivre à plusieurs. À Strasbourg, le projet de “L’Éco-logis”, un immeuble en bois basse consommation lancé en 2004, permet à dix familles de se partager un jardin, une salle des fêtes commune, une buanderie équipée de trois lave-linges ou encore une chambre d’amis. Les factures sont partagées, ainsi qu’une partie des courses faites via l’Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne). 

À La Montagne, en Loire-Atlantique, ce sont 20 personnes de tous les âges qui ont décidé de vivre en communauté au “Pré Commun”. Sur un terrain de 7000 m2, ils ont fait construire chacun leur maison mais partagent des espaces communs : une salle de yoga et de musique, un immense potager, une cuisine où tous déjeunent régulièrement ensemble. Les plus âgés vivent de plain-pied, les couples séparés élèvent ensemble leurs enfants dans un logement adapté à l’intimité de tous, les plus petits font leurs devoirs et jouent ensemble tous les jours. Chacun est libre de vaquer à ses occupations, mais tous remboursent collectivement l’emprunt de leur habitat. 

Un mode d’habitat solidaire

Si l’habitat participatif prend de nombreuses formes, la philosophie est toujours la même : l’entraide, le partage et la convivialité. Une façon de vivre à part entière basée sur la solidarité et les échanges entre générations. Encadré par la loi Alur de 2014, le co-coliving est encore minoritaire en France. L’association Habitat Participatif France recense environ 900 projets dans l’Hexagone, dont 270 qui ont déjà abouti, soit moins de 0,03% du parc de logement privé. À titre de comparaison, en Norvège, 15% des logements sont gérés par des coopératives d’habitants, ce qui représente 650 000 personnes vivant en habitat participatif.

Mais pourquoi un tel engouement ? En plus d’un mode de vie enthousiasmant, l’habitat participatif est aussi un moyen d’accéder à la propriété pour des ménages qui n’en ont pas toujours les moyens. En effet, en achetant à plusieurs un terrain ou un immeuble, les frais sont divisés et le coût de l’emprunt immobilier souvent accordé à un taux plus intéressant. Et comme dans une copropriété, les frais d’entretien sont mutualisés. De la même façon, le coût de la vie est moins cher : les voisins gardent les enfants, une unique tondeuse sert à plusieurs familles… Autre avantage : pour les retraités, c’est une façon d’éviter l’isolement qui va souvent de pair avec la vieillesse et donc de retarder un éventuel placement en Ehpad. 

Un investissement d’avenir

Habitat Participatif France estime que le taux de croissance de ces nouveaux logements atteint 18% par an. Les collectivités territoriales commencent d’ailleurs à s’intéresser de plus près au dispositif : un quart des projets sont lancés par un bailleur social ou une mairie. Certaines communes vont même jusqu’à réserver des zones pour ce type d’habitat, comme à Auray, dans le Morbihan. 

Afin de faciliter le déploiement de l’habitat participatif dans la région lyonnaise, Habitat & Partage a même créé une foncière citoyenne. La structure fait appel à des investisseurs solidaires pour financer des projets. Ces derniers peuvent ensuite déduire de leur impôt sur le revenu 25% de la somme investie dans la limite de 50 000€ par an avec une possibilité de report sur quatre années en cas de dépassement. Une façon d’investir dans la pierre de manière solidaire !