Les prix des matériaux de construction et ceux de l’énergie ne cessent d’augmenter. Conjugué à l’inflation, ce phénomène risque d’avoir un impact durable sur le secteur de l’immobilier.

Ces dernières années, en raison de l’abondance de liquidités sur les marchés financiers, l’inflation était au plus bas. La période fut particulièrement propice pour tous ceux qui souhaitaient investir dans l’immobilier, notamment les primo-accédants qui avaient la possibilité de contracter un crédit à un taux défiant toute concurrence. 

Mais cet épisode est bel et bien révolu. A l’échelle mondiale, l’économie est entrée dans une spirale inflationniste. Ce phénomène n’épargne pas le secteur de l’immobilier, également pénalisé par la hausse brutale des prix des matériaux de construction et de ceux de l’énergie. Résultat : si les promoteurs se plaignaient il y a un an à peine de la baisse du nombre de permis de construire, ils hésitent aujourd’hui à lancer leurs chantiers.

Des causes multiples

Amorcée à la fin de l’automne 2020, l’inflation actuelle est l’une des conséquences du redémarrage de l’économie mondiale après la crise sanitaire. Alors que la demande avait fortement reculé en raison de la baisse de l’activité liée aux multiples confinements, la reprise vigoureuse a déséquilibré les marchés. Dans le secteur du BTP, la demande de tuiles, de mortiers, de briques, de fenêtres, de tuyaux en PVC, ou encore de câblages électriques a soudain largement dépassé l’offre, provoquant une pénurie qui a été compensée par une hausse des prix. Parallèlement, certains matériaux de construction connaissent des problèmes d’ordre logistique, notamment ceux provenant d’Asie du sud-est. 

Ainsi, depuis novembre 2021, le prix moyen de matières premières telles que le bois, l’acier, l’aluminium, le PVC, le verre, ou encore le plastique a augmenté de 10 à 30%. Sans évoquer certains métaux comme le cuivre, dont le coût est devenu exorbitant. Et depuis février 2022, la guerre en Ukraine a encore contribué au renchérissement de certains produits. Sans évoquer certains métaux comme le cuivre, dont le coût est devenu exorbitant.

Retards en pagaille

C’est désormais toute la chaîne de valeur immobilière qui est touchée par l’inflation galopante. Si les nouveaux devis proposés par les professionnels du BTP prennent en compte ce phénomène, les contrats signés avant le début de la crise ne peuvent, eux, pas être ré-indexés. Cela oblige les entreprises du bâtiment à honorer leurs engagements, quitte à rogner considérablement sur leurs marges, ou alors à suspendre voire interrompre les chantiers, occasionnant d’importants retards. Selon le conseil de l’ordre des architectes, 50% des chantiers subissent actuellement des difficultés d’approvisionnement en matériaux. Les dépassements de délais de livraison ont en moyenne doublé depuis le début de l’année, en particulier pour des matériaux comme l’acier, l’aluminium, ou encore les tuiles. 

Cette situation inédite concerne également les particuliers, qui sont de plus en plus nombreux à devoir suspendre des travaux en raison d’une rupture de stock, d’un retard de livraison ou d’un devis en forte augmentation. La Fédération Française du Bâtiment (FFB) craint que la situation tendue sur le marché des matériaux de construction et de l’énergie se prolonge encore plusieurs mois.