Le marché de l’immobilier de prestige est en plein bouleversement. Les acquéreurs sont désormais à la recherche de belles propriétés dans les communes rurales, loin de l’agitation des grandes villes. Parallèlement, un nouveau profil de clientèle se dessine.
Vivre dans un château en Normandie ? Dans une villa vue mer sur la Méditerranée ? Dans un loft de 200 m² aux portes de Paris ? Presque tout le monde en rêve, mais rares sont ceux qui peuvent se le permettre. Pourtant, l’immobilier de prestige ne s’est jamais aussi bien porté que depuis la crise sanitaire, comme le prouvent les derniers chiffres du secteur qui a connu une croissance fulgurante d’environ 40% ces deux dernières années.
Les spécialistes ont enchaîné les ventes de biens à plusieurs millions d’euros et parlent de 2021 comme d’une année historique. Les prix ont notamment explosé dans les stations balnéaires prisées, comme sur la côte basque ou à Deauville, où les ventes comprises entre 3 et 10 millions d’euros ne sont plus rares.
Avec les confinements successifs, beaucoup de Français ont revu leurs priorités et rêvent désormais d’espace et de verdure. Les acquéreurs n’hésitent plus à se détourner de la capitale et des grands appartements haussmanniens pour jeter leur dévolu sur des villas d’époque dans les Hauts-de-Seine et les Yvelines. Phénomène presque impensable, il y a encore deux ans : les prix de l’immobilier à Paris stagnent, voire baissent dans certains quartiers. « Après des années de frénésie, le marché parisien retrouve un peu de raison », avait expliqué Laurent Vimont, président de Century 21 France à la fin de l’année dernière.
Télétravail et résidences semi-principales
En effet, beaucoup d’acquéreurs n’hésitent plus à partir plus loin pour s’offrir une résidence semi-principale, notamment sur la façade Atlantique et dans les villes moyennes semi-rurales. En cause, le développement massif du télétravail. Les CSP+ ne se sont pas seulement tournés vers des habitations plus grandes : les ventes de châteaux, d’habitations de plusieurs centaines de mètres carrés ou de domaines agricoles de plusieurs hectares ont été plus importantes que les années précédentes. En 2021, la palme de la plus forte augmentation du prix des maisons dans l’ancien a été relevée en Nouvelle-Aquitaine (+13,2%, à 2 407€/m²) et celle des appartements en Bretagne (+21,4%, à 2 993€/ m²), selon CENTURY 21.
A noter que les acquéreurs de l’immobilier de prestige ont une préférence pour les biens déjà aménagés où l’on peut poser ses valises immédiatement, sans avoir à se lancer dans de lourds travaux de rénovation…quitte à en assumer les conséquences financières.
Un nouveau profil d’acquéreurs est aussi en train d’apparaître, selon les professionnels de l’immobilier de luxe. Il s’agit principalement de jeunes entrepreneurs français travaillant ou ayant réalisé des investissements très profitables dans les nouvelles technologies, sorte de nomades des temps modernes dont la réussite financière a été aussi rapide que spectaculaire. Ils côtoient désormais les fortunes plus anciennes et familiales, contribuant à la forte demande sur les biens de prestige.