Pour la première fois, les investisseurs tricolores occupent la première place du podium des acheteurs étrangers de propriétés haut de gamme à Londres. Un résultat lié à la situation sanitaire et au recul de la livre sterling.
En 2019, ils ne représentaient que 2% des ventes. Mais en 2020, avec 11% des contrats en volume, les Français sont devenus les premiers acheteurs étrangers de biens immobiliers de luxe à Londres. Selon une étude publiée par la société Knight Frank, spécialisée dans le conseil international en immobilier, les investisseurs tricolores devancent leurs homologues américains et hongkongais – deuxièmes ex-aequo, avec 9,2% des acquisitions -, mais surtout chinois (8,3%), qui occupaient pourtant depuis plusieurs années la tête de ce classement. Les Français se sont révélés particulièrement intéressés par certaines zones de l’hypercentre, notamment Chelsea, Kensington, et Knightsbridge. Visiblement, ni le Brexit, ni la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 ne les ont dissuadé d’investir dans les quartiers huppés de la capitale britannique. Ce serait plutôt tout le contraire, même si d’autres facteurs sont à prendre en compte.
De nouvelles opportunités
Il y a tout d’abord le contexte général. L’année 2020 a été complexe sur l’ensemble des marchés de la planète. L’immobilier ne fait pas exception à la règle. Dans le secteur du luxe, le nombre de transactions a chuté de 30% par rapport à l’année précédente, et avec lui le niveau moyen des prix dans le secteur. Dans le même temps, la part des acheteurs étrangers a elle aussi reculé, passant de 53% à 41%. La perturbation des échanges liée à la restriction des déplacements a particulièrement touché les clients les plus éloignés : pourquoi devenir propriétaire d’un bien immobilier situé dans un pays où il pourrait être difficile de se rendre ? D’où le net recul des Chinois mais, en parallèle, la progression des investisseurs des pays voisins, avec lesquels les communications sont moins perturbées. A ce jeu-là, ce sont donc les Français, mais aussi les Italiens et les Suisses (à égalité, avec 5,5% des acquisitions) qui ont su profiter des nouvelles opportunités d’achats.
Le recul de la livre sterling
Autre facteur de taille : la baisse de la livre sterling par rapport à l’euro. Si elle a un impact négatif sur les exportations à destination des îles britanniques, elles renforcent en revanche le pouvoir d’achat des investisseurs du continent. Selon Knight Frank, l’effet cumulé de la baisse des prix de l’immobilier et de celle de la livre sterling se serait traduit par un rabais de 30% pour les acheteurs issus de la zone euro. Enfin, conséquence directe du Brexit, l’instauration au printemps 2021 d’une nouvelle taxe de 2% sur les transactions immobilières pour les personnes n’ayant pas le statut de résidant au Royaume-Uni, aurait mécaniquement accéléré certaines prises de décision, en particulier pour les investisseurs issus de pays membres de l’Union européenne.